C’est un ouvrage remarquable que publie Bernard Hasquenoph, un livre qui se lit d’une traite comme un roman policier, bien que malheureusement fondé sur des faits réels.

Faisant suite aux enquêtes publiées sur son site Louvrepourtous, il devrait logiquement le conduire à intervenir dans toutes les écoles de journalisme.

Car il a non seulement fait preuve de méthode, d’intelligence et de clairvoyance, mais d’aussi de courage et d’empathie avec une culture coréenne que le drame l’a conduit à découvrir.

En exclusivité mondiale, et sans aucun moyen, il est parvenu à retracer le parcours d’un homme d’affaire, responsable de secte, condamné par la justice de son pays, et qui réussit par d’habiles manœuvres et beaucoup d’argent à se faire exposer en tant qu’artiste.

AhaePourtant, la production prétendument artistique d’Ahae n’était reconnue par quasiment aucun critique ou spécialiste de la photographie dans le monde.

On apprit plus tard que ce même individu était lié au tragique naufrage d’un ferry ayant causé la mort de très nombreux lycéens coréens.

L’enquête de Bernard Hasquenoph révèle d’inquiétantes failles dans les grandes institutions culturelles françaises (et au sommet de l’État), avec un engagement personnel de certains de leurs principaux responsables dont on peine à imaginer l’équivalent dans des institutions culturelles étrangères de même réputation.

La tenue d’expositions dans des lieux prestigieux n’aurait eu qu’un seul but : « gonfler » ou surestimer la valeur de ses photos – la plainte parle de « vernis de légitimité » – pour justifier leur vente entre les différents acteurs du trafic, afin d’exfiltrer l’argent, le dissimuler et échapper ainsi aux créanciers (p. 287).

Il existe en effet une contradiction entre la charte éthique dont sont dotées les grandes institutions culturelles françaises et les actions commerciales et de mécénat conduites avec Ahae.

Le dommage causé à l’image et à la réputation du Louvre et de Versailles, notamment, n’est pas négligeable ; et ce alors même que le groupe Ahae continue encore aujourd’hui à se prévaloir de leur caution (http://ahae.com/category/articles/).

Au bout du compte, ce sont les visiteurs qui ont été floués. Ce sont eux les victimes : abusés par des Établissements de renom qui ont fait passer des locations d’espaces pour de « vraies » expositions (p. 271).

M. Henri Loyrette, ancien président-directeur du Louvre, a vu ses responsabilités réduites au sein de l’Admical (association vouée au développement du mécénat d’entreprise), l’affaire Ahae ayant contribué à jeter le discrédit sur certaines pratiques de mécénat dans le secteur culturel.

Mais il reste à tirer toutes les conséquences de ce triste épisode, qui suscite l’incompréhension des observateurs étrangers.

Par ce refus de faire la lumière, l’affaire Ahae restera comme une tache indélébile sur la noble cause du mécénat (p. 292).

Ahae BHPour se faire une idée des jugements portés par de hautes personnalités culturelles sur l’auteur de photographies d’une banalité consternante, qui eut l’honneur (contre monnaies sonnantes et trébuchantes) d’être exposé au Louvre et à Versailles, et a failli l’être ailleurs, on pourra se référer aux documents suivants :

Ces personnalités ont-elles demandé le retrait de leurs témoignages de soutien du site Internet d’Ahae ?


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