Comment une grande organisation, dotée de moyens humains, techniques et financiers significatifs (un budget supérieur à 6 milliards d’euros par an et plus de 90.000 employés), une institution sans but lucratif de surcroît, peut-elle décider de supprimer un musée bénéficiant de l’appellation « Musée de France » (http://www.aphp.fr/index.php?module=musee&action=fo_accueil&vue=fo_accueil) ?
Certes, les temps sont difficiles pour le secteur sanitaire, social et de la santé publique.
La nécessité d’une gestion rigoureuse – dans l’intérêt bien compris des citoyens – est légitime.
Pour autant, il est difficile d’imaginer que la fermeture de ce remarquable musée, dont la rénovation est attendue depuis longtemps mais qui propose des expositions temporaires de grande qualité, puisse résoudre de quelque manière que ce soit les difficultés – réelles – de financement de l’AP-HP.
C’est surtout méconnaître que le musée possède la capacité de jouer un rôle de premier plan sur le plan culturel, mais également de la formation, de la sensibilisation aux questions de soin et d’éthique médicale et de la communication interne et externe.
Les responsables de l’établissement auraient donc tort de se priver d’un outil de premier ordre pour la réalisation même de certaines de ces missions essentielles de l’AP-HP et pour contribuer à son rayonnement.
Sans oublier la cohésion interne, le brassage des professions administratives, para-médicales et médicales, l’implication des citoyens, le travail avec les associations de malades et… la politique de mécénat et de collecte de fonds.
Ayant eu à nous pencher récemment sur ce sujet, nous ne pouvons qu’encourager la direction de l’AP-HP à prendre connaissance dans la sérénité des propositions concrètes et réalistes qui lui ont été faites à cette occasion : sans tabou, toutes les hypothèses ont en effet été examinées (y compris… celle de la fermeture du musée ! pour l’écarter bien entendu après un examen approfondi de ses implications).
Notre conclusion : cet établissement – qui peut sans doute rechercher des partenaires pouvant accompagner son développement – est utile, nécessaire, voire indispensable à l’heure où la médecine et la santé posent des questions inédites au corps social.
S’agissant d’autres aspects de la question, nous renvoyons aux enquêtes de la Tribune de l’art (http://www.latribunedelart.com/musees-en-danger-4-le-musee-de-l-assistance-publique-article002700.html)
et du site Louvrepourtous (http://www.louvrepourtous.fr/Sauvons-le-musee-des-Hopitaux-de,577.html).
A lire également dans le journal Le Monde, sous la plume de Florence Evin : http://www.lemonde.fr/culture/article/2010/10/14/musee-en-sursis-pour-raisons-budgetaires_1426149_3246.html.
Et vous, comment réagissez-vous ?
PS : ce cas exemplaire constitue l’occasion de rappeler qu’une approche « managériale » des questions culturelles ne s’oppose nullement à la reconnaissance des « valeurs » (y compris touristiques, économiques, de communication et de contribution à la « politique de marque ») dont sont porteurs les musées et – d’une manière générale – les institutions culturelles. Puisse chacun en prendre rapidement conscience.
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