Les musées subissent une grave crise du fait de l’actuelle situation sanitaire.
Des mesures drastiques visent à prendre en compte en priorité la santé des personnels et des visiteurs. La réservation en ligne s’impose.
Mais le souci de protection des populations ne va-t-il pas trop loin lorsque des visiteurs sont refoulés, alors qu’ils pourraient parfaitement être accueillis dans le respect des règles de sécurité ?
En effet, certains établissements ne permettent pas aux personnes n’ayant pas effectué une réservation préalable en ligne d’effectuer une visite.
Pour autant, rien n’est semble-t-il prévu dans le cas où quelqu’un souhaite visiter un musée sans l’avoir planifié à l’avance et sans disposer d’un téléphone adapté pour effectuer cette réservation.
Alerté par des témoignages allant dans ce sens, il apparaît que les principes du service public et du respect de l’intérêt général sont mis à mal dans le cas où le musée dispose des capacités nécessaires pour accueillir ces visiteurs, mais se refuse à le faire pour des raisons administratives, alors même que des places sont disponibles, comme nous l’a confirmé avec candeur un haut responsable de l’un des musées concernés.
Pourtant, avec la crise du Covid-19, n’est-il pas temps de mettre en avant les principes d’accueil, d’hospitalité et de bienveillance ?
Le service des musées de France a-t-il donné des consignes de refoulement des personnes non enregistrées à l’avance ?
N’est-il pas possible de prévoir – en tout état de cause – un dispositif in situ pour que les personnes intéressées puissent effectuer cette réservation sur place, sachant que tout le monde n’a pas un téléphone intelligent à sa disposition ?
Au moment où la dernière enquête du ministère de la Culture sur les pratiques culturelles des Français indique que :
1. La proportion de ceux qui fréquentent les musées n’a pas progressé depuis 1973 (l’augmentation des chiffres d’entrée étant due à plusieurs facteurs, dont l’augmentation de la population, les revisites et l’accroissement du tourisme international),
2. La fracture numérique est bien identifiée,
3. L’écart de pratiques entre les catégories sociales s’est creusé, dans le sens d’une élitisation des musées,
un tel manque d’empathie et de sensibilité à l’égard des besoins des publics est-il compréhensible ?
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