Culture et économie (1ère partie)

Longtemps les institutions culturelles sont restées éloignées du monde de l’économie.

L’essentiel du financement était assuré par les collectivités publiques, complété par des recettes de billetterie restant à un niveau modeste, compte tenu de droits d’entrée fixés à un niveau limité pour des raisons d’accessibilité du plus grand nombre.

Puis est arrivée l’ère du grand tourisme international, faisant prendre conscience de l’importance des retombées économiques du tourisme culturel, dans lequel musées, monuments, festivals, grandes expositions, sites archéologiques, biennales, centres d’interprétation et autres centres historiques ou villages pittoresques jouent un rôle essentiel.

Dès lors, il existait une demande solvable pour divers types de services pouvant être proposés aux visiteurs : visites guidées, audioguides, boutique ou librairie, cafétéria ou restaurant ; sans oublier les locations d’espace et le tournage de films.

Des entreprises culturelles ?

Dans le même temps, dans les années 1980, il fut déjà question de célébrer les noces de l’économie et de la culture et de promouvoir la notion d’« entreprise culturelle » ; presque un oxymore il faut bien l’avouer, du moins s’agissant de la partie sans but lucratif du secteur culturel : musées, monuments, bibliothèques et médiathèques, centres d’archives, conservatoires de musique, de théâtre et de danse, théâtres municipaux, centres culturels…

(Par opposition – rappelons-le – aux maisons d’édition pour le livre, aux compagnies de disque pour la musique enregistrée et aux sociétés commerciales du secteur audiovisuel pour la télévision, le cinéma et la vidéo.)

Management 2C’est alors que le mécénat fit son apparition sur la scène culturelle, avec des débuts modestes et un essor qui reste limité aujourd’hui, bien que bénéficiant de très favorables encouragements fiscaux, qu’il s’agisse des entreprises, des fondations ou des particuliers.

Il y avait là le germe d’un rapprochement entre la logique culturelle et la logique entrepreneuriale, encore renforcée ces dernières années par la création d’établissements publics (qu’ils soient administratifs ou bien industriels et commerciaux).

De nouveaux enjeux de management

Les institutions concernées sont en effet dotées de l’autonomie financière et de la personnalité morale, ainsi que de leur propre conseil d’administration et d’objectifs fixés en commun avec la tutelle, le ministère de la Culture en particulier, dans le cadre de contrats dits de performance et de moyens.

De là l’émergence du contrôle de gestion, des critères de performance, de l’évaluation, du marketing et de la collecte de fonds.

Ces techniques de gestion peuvent constituer des instruments fort utiles pour le pilotage d’organisations complexes, qui ne peuvent se développer sans la capacité à se doter d’une réelle vision stratégique à moyen et long terme.

Mais une familiarité naissante avec le monde de l’économie et de la gestion peut aussi donner lieu – pour des nouveaux convertis pleins d’enthousiasme – à un certain nombre de dérapages et autres dérives dont nous gratifie l’actualité : expositions sans fondement scientifique avéré, recherche éperdue de médiatisation, prix d’entrée fixés à un niveau déraisonnable, acceptation du principe de la location d’œuvres, relations peu claires avec des donateurs ou des sponsors au risque de conflits d’intérêt, etc.

A suivre…


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