Après un article du Journal du Dimanche (Marie Nicot, Les soirées privées dans les salles d’exposition se multiplient, 25 mars 2007) et du Parisien (Catherine Balle, Les musées parisiens se renflouent à coups de soirées privées, 22 janvier 2010), le Nouvel économiste consacre un article à la question de l’événementiel et de l’utilisation des espaces des équipements culturels lors de soirées privées (Valérie Auribault, Soirées privées, L’événement, pour créer du buzz mais aussi du lien, n° 1508, 11-17 février 2010 : http://www.nouveleconomiste.fr/s1508/DOS-Evenementiel.html).

Le point de départ de ces articles : les équipements culturels ont besoin d’argent et l’événementiel a le vent en poupe, à travers en particulier les soirées privées dans des lieux prestigieux.

De plus, certaines grandes institutions culturelles l’inscrivent dans une politique plus générale de mécénat, dans le cadre d’une plus grande autonomie de gestion issue du statut d’établissement public.

Les avantages pour les sites culturels qui louent des espaces sont de plusieurs ordres :

  • Une ressource propre supplémentaire
  • L’occasion de toucher de nouveaux publics
  • Un premier pas possible pour des entreprises tentées par le mécénat
  • Une inscription dynamique dans un territoire

Commentaires

6 réponses à “Location d’espace 1”

  1. proposer une location d’espace du musée aux entreprises, institutions, agences de communication …. c’est, me semble-t-il, créer un nouveau public, une nouvelle approche souple pour une cible particulière qui devient par là même prospective : les personnes conviées ont elles- même des enfants, des familles, des amis….
    c’est le cadre offert à l’entreprise, à l’institution … d’un lien interne enrichi, d’une découverte singulière.
    c’est également avoir des retombées média qui rapprochent la vie économique de la culture.
    c’est aussi une source de revenus qui peut devenir importante si l’institution décide d’aller vers le prospect et non de l’attendre.
    enfin c’est la marche vers le mécénat et le lien pérenne.

    l’accompagner de produits de médiation adaptés serait la valeur ajoutée essentielle…

    du côté des musées, a-t-on déjà des statistiques qui évalueraient cette démarche ?
    quels sont les retours en termes de mécénat ?

    mon expérience a lourdement buté sur la mobilisation des équipes et sur une conservation à convaincre de l’impact nécessaire et « dans le sens de l’histoire » .
    vos réactions ou/et vos expériences m’intéressent…

  2. Le débat est lancé… et à suivre dans les semaines à venir !

  3. Bon, comme personne ne semble vouloir poursuivre ce débat à peine esquissé et pourtant fort intéressant (en tous les cas pour moi), je m’y colle en espérant que ma contribuons fera réagir…

    Il me semble qu’il faut distinguer d’une part les institutions muséales qui veulent (doivent/peuvent ?) se mettre à la location d’espace et, d’autre part, celles qui ont intégré cette fonction dès leur ouverture/création. Dans le premier cas, il faut composer avec la préservation du patrimoine, le croisement des publics et les équipes en place. Dans le second cas, surtout avec des bâtiments créés de toute pièce et normalement bien pensés (ce qui est malheureusement rare), c’est beaucoup plus facile (normalement).

    Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que la location d’espaces dans les institutions muséales/patrimoniales (lieux prestigieux) peut concerner effectivement des soirées évènementielles (aspect festif) mais également des journées de séminaires (aspect travail) ou des journées d’incentive (motivation/mobilisation).

    Le mécénat ça peut être très bien mais personnellement, même si je caricature un peu, je préfère avoir un lien contractuel ponctuel avec une entreprise pour une prestation de services (location) dont les recettes vont me permettre de faire des achats pérennes, de l’entretien, de créer de nouvelles animations ou de monter des expositions, plutôt que d’être obligé de mettre le nom d’une entreprise sur un cartel à côté d’un objet restauré/acheté ou pour une exposition. Même si je pense que le partenariat public/privé est une voie à ne surtout pas négliger.

    Je précise que je dirige un château (www.chateau-boutheon.com), géré par une commune, où la fonction de location pour séminaire et réception fait partie intégrante du projet d’établissement. Ce sont les locations qui doivent à terme permettre de financer les autres fonctions (animations et visites du parc et du château). Bon oui je sais, louer des espaces dans un château ça peut paraître plus facile que pour d’autres espaces culturels… encore que… L’originalité ça paye aussi !

    Pour ma part, je pense que la location d’espace est avant tout une source de financement. Un source qui se doit d’être rentable et qui doit participer activement (principalement ?) à l’amélioration de la part d’autofinancement de l’institution culturelle.
    Oui, cela permet de créer un nouveau public. Un public particulier qui n’aurait peut-être pas poussé les portes du musées dans d’autres circonstances et qui certes pourra peut-être revenir en visite classique avec sa famille, ses amis. Mais je le vois plutôt comme un public qui utilise différemment le patrimoine et qui participe plus que d’autres à son financement. Ce qui ne veut pas dire que ce public venant dans le cadre d’une location soit « meilleur » que les autres cibles de l’institution et surtout qu’il puisse tout se permettre avec le patrimoine sous prétexte que le montant du chèque est important !
    Généralement, même si ce sont tous des usagers du même lieu, public « séminaire » et public « visiteur classique » sont pour moi bien séparés. Mais, au risque de choquer certains, je raisonne parfois à l’inverse de vous Michèle. Dans les publics qui viennent en visite classique, je me dis qu’il y en a peut-être qui sont susceptibles de louer les espaces, ou qui connaissent des amis qui seraient intéressés. Une seule location d’espace représente financièrement au minimum plusieurs centaines d’entrées payantes voire quelques milliers : regardez les tarifs de location du muséum à Paris (à voir sur http://www.mnhn.fr). Au château de Bouthéon nous sommes beaucoup moins cher que le MNHN, alors n’hésitez pas à nous contacter 😉

    Location d’espaces et fonctions classiques du musée (médiatisation et patrimonialisation) doivent être à mon sens cloisonnées dans leurs objectifs mais surtout pas dans leur fonctionnement. Il faut des passerelles : produits de médiation adaptés apportant une valeur ajoutée à la location, prise en compte des contraintes de conservation, développement du mécénat, etc.

    Quant au problème de mobilisation des équipes (y compris de la conservation), désolé de dire cela comme ça mais à un moment donné, même si la concertation doit être collective, la décision n’appartient généralement qu’à une seule personne… A elle de ne pas tomber dans le consensus mou ou dans la dictature à oeillère…

  4. Merci beaucoup Olivier pour cette contribution concrète et… directe !

  5. non, il n’y a pas obligation à mettre un cartel qui signale que l’entreprise a permis la restauration, l’achat… de l’objet exposé.
    il y a d’autres manières de proposer des retours : je pense notamment aux conférence de presse de toute exposition où les mécènes peuvent avoir une place en tant que partenaires et qui peuvent témoigner ansi de leur « engagement » avec l’institution ; je pense aussi à un mot dans une plaquette institutionnelle, voire dans un journal d’expo… et on peut réfléchir à bien d’autres formes de présence … il n’est pas défendu d’être créatif !
    d’autre part la clientèle des loueurs d’espace décide tout de même bien de louer un espace dans un musée – je suppose qu’un château-musée a deux fois plus de prospects ! – et il est simple de faire en sorte que cet instant ne soit pas le même qu’il serait au novotel. c’est toute la place de la collection.
    j’ai du mal à segmenter les publics. la source de financement recherchée ne doit pas obérer la mission principale du musée mais la conforter. notre mission consiste aussi à conduire les publics à entrer dans les sujets proposés, A CETTE OCCASION.
    pour ma part, j’ai toujours pris le parti de les faire « rêver » … ensuite venait assez simplement leur demande et les contrats.
    j’ai exercé ces missions dans deux musées concomitamment : l’un était équipé pour, l’autre pas ! les conservations étaient peu intéressées par le sujet, et les personnels mobilisés, sensibles au management participatif. lorsque venait l’heure des bilans économiques, les sourcils se haussaient, … mais nous n’étions pas en régie directe.

  6. En réponse à Michèle :

    Je suis bien d’accord avec vous sur le fait qu’il n’y a pas obligation à mettre un cartel qui signale le rôle d’un mécène sur un objet exposé. C’est pour cela que je précisais que j’étais dans la caricature. Le lien avec l’entreprise peut évidemment ne pas être physiquement et de manière permanente inscrit dans l’espace muséal. Il n’en demeure pas moins vrai que, quelle que soit la forme de présence, sur le plan symbolique, l’image de l’institution et celle de l’entreprise seront, à mon sens, profondément liées. En tous les cas, beaucoup liées que dans le cas d’un contrat de prestation de services.

    Je suis tout à fait d’accord également avec vous sur le fait que ce n’est pas et ce ne doit pas être la même chose de louer un espace dans un musée ou dans un hôtel. Mais il faut certainement différencier l’espace muséal qui change, ponctuellement, la destination patrimoniale de ces salles pour les louer, de l’espace muséal où, dans le projet même d’établissement, des salles sont dévolues à la location (même si elles peuvent être, ponctuellement, ouvertes à la visite). Dans ce dernier cas, les clients peuvent ne pas être intéressés spécialement par la découverte de la collection présentée car ils vont d’abord dans un lieu qui propose de manière plus ou moins permanente des salles en location… Ceci ne veut pas dire évidemment qu’il ne faut pas les faire « rêver » et leur donner envie d’avoir une partie plus culturelle à leur projet de location. Mais si l’on est dans une démarche commerciale, le fait d’être un musée, un château-musée (ou un musée-château) peut être un élément qui va guider le choix du client parmi le panel des possibilités qui s’offrent à lui mais ce dernier est d’abord dans une démarche de recherche d’un lieu en fonction de son projet de manifestation et de son budget. De son point de vue, l’aspect culturel ne sera qu’un « plus ». C’est à chaque institution de faire en sorte que ce qui ne devait être qu’un « plus » pour un client devienne une vraie expérience culturelle et patrimoniale.

    Concernant le fait que la source de financement recherchée ne doit pas obérer la mission principale du musée mais la conforter, je suis d’accord sur le principe général mais, dans le détail, je pense une nouvelle fois que tout dépend aussi de l’institution et son projet d’établissement (et donc de sa ou ses missions principales). Ce n’est pas le même chose si :
    – on est labellisé musée de France ou non,
    – on a une collection patrimoniale ou non,
    – on est classé monument historique ou non,
    – on a des espaces pouvant être dédiés uniquement à la location,
    – les moyens ont été et sont encore mis pour développer réellement l’activité location.
    – la location d’espace est inscrit clairement comme une des missions principales de l’établissement car elle doit permettre d’équilibrer les autres missions,

    Ce dernier point est à relier au problème de mobilisation des personnels. La situation sera certainement différente selon qu’il s’agit de la mise en place d’une activité nouvelle de location, considérée comme annexe par rapport au PSC, ou autour d’une activité considérée comme tout aussi importante que les missions classiques du musée.

    In fine, c’est surtout la question du choix du modèle économique pour l’institution muséale qui me semble importante. Il n’est pas question de dire/penser que le musée doit être rentable financièrement, juste de se poser la question de savoir comment il peut/doit être financé. Même si le choix peut être fait de la gratuité totale ou partielle aux collections, il faut s’interroger et travailler sur le développement et la diversification des ressources propres ou partagées, que ce soit au niveau du mécénat, du sponsoring, de la boutique, de la restauration, du don, de la vente de prestations telles que la location d’espace ou l’expertise, etc. Cela passe certainement par une professionnalisation de ces activités.

    Dans le contexte actuel, le modèle reposant uniquement sur un financement par l’Etat et les collectivités (avec ou sans « contrat d’objectifs ») ne me semble plus tenable pour de nombreux établissements s’ils veulent continuer à développer certaines missions et actions. On peut ou pas le regretter mais c’est un constat qui est, me semble-t-il, partagé par de nombreux acteurs et observateurs. Ne pas s’intéresser au financement des institutions culturelles et patrimoniales semble, aujourd’hui, dépassé. Il faut au moins qu’il y ait débat dans la profession.

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