Un article de Deborah Sontag et de Robin Pogrebin paru dans le New York Times du 11 novembre 2009 attire l’attention sur l’un des dangers qui guettent les musées à présent, et peut-être plus encore à l’avenir, comme un rappel de la fameuse exposition « Sensation » du musée d’art de Brooklyn qui avait déjà soulevé une vive controverse.

Les faits sont les suivants :

  • Le New Museum de New York, un espace d’art contemporain qui ne possède pas de collection permanente, a décidé de présenter une exposition d’œuvres issues de la collection de l’un des plus importants collectionneurs d’art contemporain dans le monde, le grec Dakis Joannou (du 3 mars au 6 juin 2010).
  • Ce dernier se trouve être par ailleurs l’un des administrateurs (trustee) du musée.
  • Enfin, le commissariat de l’exposition est confié à l’artiste Jeff Koons, dont le chef d’entreprise grec, l’un de ses plus anciens et importants acheteurs, possède de très nombreuses œuvres.

Sensation

Voilà ainsi réunies un ensemble de circonstances troublantes.

Selon l’association américaine des musées (AAM) en effet, plusieurs critères devraient conduire à s’interroger :

  • lorsqu’une exposition est consacrée à un seul collectionneur,
  • lorsqu’un membre du conseil d’administration du musée (trustee) est concerné,
  • lorsque le commissariat est confié à une personne extérieure à l’institution.

On ajoutera, ainsi qu’y insiste judicieusement Lee Rosenbaum sur son blog (http://www.artsjournal.com/culturegrrl), l’éventuelle participation du collectionneur aux frais induits par l’exposition ou l’attribution au musée d’un soutien concomitant à l’organisation de celle-ci (comme dans l’exposition Armani il y a quelques années au musée Guggenheim).

NewMuseum

Les trois premiers aspects étant réunis dans cette affaire (le dernier point n’est pas éclairci à l’heure actuelle), quels sont les points de vue en présence ?

  • Le collectionneur ne voit pas, quant à lui, de problème particulier.
  • La directrice du musée admet que l’on puisse penser à un conflit d’intérêt.
  • Certains observateurs soulignent que la présentation d’œuvres d’art contemporain dans un musée contribue à accroître leur valeur de marché.
  • D’autres mettent en évidence un risque concernant l’intégrité et la réputation d’impartialité d’une institution publique.
  • D’autres encore, à l’inverse, n’hésitent pas à parler d’un nouveau modèle de partenariat public-privé.

Sur ce sujet, voir également, de Linda Yablonsky : Exhibition raises a potential conflict-of-interest between private collectors and public institutions (http://www.theartnewspaper.com/articles/Controversy-over-New-Museum-s-plans-to-show-trustee-s-collection/19659).

Inutile d’ajouter que la vente d’une œuvre présentée dans l’exposition peu de temps après serait du plus mauvais effet…

D’après vous, les musées français sont-ils à l’abri de problèmes déontologiques de cette nature ?


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