A noter, dans le journal Le Monde du 19 novembre 2011, une prise de position du directeur du musée Reina Sofia à Madrid, Manuel Borja-Villel, qu’illustrent les citations suivantes extraites de l’article de Michel Guerrin.
- « Depuis la fin des années 1970, on a vu l’essor d’un modèle qui me semble dépassé : créer un bâtiment qui est une œuvre en soi, en faire un lieu de spectacles au service du tourisme. Le musée est devenu un centre commercial, dans lequel les visiteurs-consommateurs ne viennent pas apprendre, mais reconnaître des noms. On voit ce que ce modèle a fait naître : un art contemporain lié à l’économie et à la finance. Les artistes plébiscités par ce système, Damien Hirst ou Jeff Koons, sont des animateurs de spectacles. On n’est pas loin de l’impasse économique actuelle qui révèle en fait une crise de la démocratie. »
- « Ils ouvrent aussi des filiales à l’étranger, louent des œuvres à des musées riches aux États-Unis ou au Japon, vendent des expositions clés en main, voire leur marque, louent des espaces à des entreprises, veulent un bâtiment toujours plus grand pour accueillir toujours plus de visiteurs. Ce modèle fondé sur l’expansion est dangereux. Il vise à ce que les établissements se cannibalisent entre eux. Il est anti-écologique. Il finit par considérer le musée comme une entreprise. C’est déjà le cas quand on lui demande de « faire des entrées » sans chercher à savoir ce que nos enfants ont appris à la sortie. Ou quand il est contraint de monter des expositions paresseuses et spectaculaires. Le musée finit par oublier sa mission première qui vient du modèle révolutionnaire français : être le lieu de la démocratie et de l’éducation. Je crois que ce modèle ancien est condamné à la défaite, car le musée, à l’avenir, sera plus pauvre dans un monde plus grand. »
- « Il faut des historiens d’art à la tête des musées, des intellectuels ouverts à toutes les disciplines de l’esprit. Le responsable d’un musée doit rechercher de nouveaux dispositifs d’exposition, et non pas être écrasé par la gestion. Nous avons de plus en plus besoin d’une vision esthétique marquée avec une dimension éthique. Ces qualités sont rarement celles du gestionnaire ou de l’homme d’affaires. »
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PS : à lire également sur le même sujet http://www.artclair.com/jda/archives/docs_article/75283/manuel-borja-villel-directeur-du-reina-sofia.php.
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