La revue Urbanisme (n° 373, juillet-août 2010, http://www.urbanisme.fr/issue/report.php?code=373&code_menu=149#article711) consacre un dossier au thème : « Villes créatives ?«
On lira à ce propos l’éditorial du directeur, Thierry Paquot, « Villes créatives ? Un cocktail aux ingrédients subtils » : http://www.urbanisme.fr/issue/report.php?code=373&code_menu=EDITO#article709.
Voici le sommaire de la revue :
La ville créative pour qui ?
C’est dans son best-seller académique The Rise of the Creative Class que Richard Florida pose les fondements d’un modèle de développement territorial dont nombre d’élus nord-américains se réclameront durant la première décennie du XXIe siècle. L’universitaire – devenu “consultant” – y défend l’idée que le dynamisme économique des villes états-uniennes est directement lié à leur capacité d’accueil des populations qu’il qualifie de “créatives”. Ludovic Halbert, chercheur au CNRS, université Paris-Est, LATTS, propose un bilan critique et s’interroge : est-ce une idée neuve, est-ce une idée utile, et surtout, comment dépasser les contradictions internes d’une ville construite pour la classe créative ?
Équipements culturels et villes créatives
Les nouveaux équipements culturels occupent une place singulière dans le positionnement de nombre de villes dans le monde. Ce sont rarement des bibliothèques, des conservatoires ou des centres d’archives, plus généralement des salles de spectacles et surtout des musées.
Jean-Michel Tobelem, directeur de l’institut d’étude et de recherche Option Culture, analyse la place de ces équipements culturels dans le développement des villes, dans un contexte où la notion de “créativité” – dont il convient d’apprécier la portée véritable – semble jouer désormais un rôle prépondérant.
Le musée Soulages à Rodez : une révolution culturelle ?
Pour Rodez, discrète préfecture de l’Aveyron, l’ouverture du musée Soulages fin 2012 – accompagnée de celle d’un multiplexe, puis du réaménagement du site de l’ancien hôpital – constituera un vrai bouleversement urbain, mais aussi l’occasion d’un repositionnement culturel et touristique.
Enquête d’Antoine Loubière.
Dole, l’attrait d’un patrimoine partagé
Avec ses 26 000 habitants, Dole, “ville d’art et d’histoire”, ne conçoit son avenir que dans le cadre de sa communauté d’agglomération (41 communes pour 50 000 habitants). Le plan d’aménagement Dole 2010-2025 couvre ainsi l’ensemble de ce territoire, du vaste secteur historique sauvegardé en centre-ville jusqu’aux quartiers de “seconde périphérie” , avec une grande attention portée à la qualité et au confort environnementaux. Une “ville éco-citoyenne”, selon la formule de son maire.
Reportage, par Annie Zimmermann, journaliste.
Cluny 2010
Ce programme de festivités et événements culturels, lancé dans le Jura en septembre 2009 et qui se terminera fin 2010, célèbre le 1 100e anniversaire de la création de l’abbaye de Cluny, à l’origine d’un mouvement réformateur initié en France puis étendu à plusieurs pays d’Europe (Allemagne, Italie, Espagne, Suisse, Grande-Bretagne) avec un réseau total de 1 400 filiales. C’est en effet des monastères jurassiens de Baume-les-Messieurs et de Grigny que seraient partis, en 909-910, douze moines, pour fonder, sous l’autorité de l’abbé Bernon, la Maior Ecclesia. La Fédération des sites clunisiens est maître d’œuvre de cette manifestation d’envergure : visites, spectacles, concerts, expositions, ateliers, conférences, colloques, rencontres, marches, rallyes, etc. sont l’occasion de (re)découvrir la richesse du patrimoine clunisien, sous sa forme bâtie, artistique, culturelle et spirituelle.
Dis-moi qui est la plus créative…
Sous l’effet des politiques incitatives de l’Europe, l’économie créative s’invite aussi dans les capitales européennes de la culture. Tandis que la Ruhr l’érige en ressort exemplaire de sa mutation, les métropoles françaises oscillent entre l’acculturation, le zèle ou l’exploration de voies de soutien à la création plus inédites.
Enquête, par Françoise Moiroux, journaliste.
Les capitales européennes de la culture : des villes créatives ?
Une génération s’est écoulée depuis le lancement de la première “ville européenne de la culture”, Athènes, en 1985. Vingt-cinq ans après, comment et en quoi cette opération a-t-elle évolué, qu’apporte-t-elle aux villes sélectionnées et quel bilan peut-on en dresser ?
Historique et analyse par Boris Grésillon, maître de conférences en géographie (Université de Provence et UMR Telemme).
Et vogue la stratégie !
Appliqués à Montréal, les critères de Richard Florida sur la ville créative ont induit de curieuses évolutions dans les palmarès successifs des villes canadiennes. Intrigués, Luc Noppen et Lucie K. Morisset, enseignants-chercheurs à l’Université du Québec à Montréal, ont cherché à comprendre pourquoi. Ils analysent ici les stratégies mises en œuvre par les décideurs locaux pour conforter la vocation créative de Montréal, alors même que la ville était déjà très identifiée à la culture. La série de projets d’un urbanisme stratégico-culturel pensé pour séduire la classe créative n’a pas débouché sur les résultats attendus. La ville résiste à sa mise en compétition…
Luc Noppen, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain–ESG, et Lucie K. Morisset sont tous deux professeurs au Département d’études urbaines et touristiques de l’École des sciences de la gestion, à l’Université du Québec à Montréal, et chercheurs affiliés à l’Institut du patrimoine de cette institution. La préparation de cet article s’inscrit aussi dans la programmation du Forum canadien de recherche publique sur le patrimoine, soutenu par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, et dans celle du projet “Les paysages de la patrimonialisation”, financé par le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture.
Le touriste, co-opérateur de la créativité urbaine ?
En écho à Richard Florida, la littérature sur le “tourisme créatif” a été particulièrement prolifique au cours des années 2000. Elle souligne l’homogénéisation croissante des projets urbains sur lesquels a reposé le développement du tourisme culturel au cours des trois dernières décennies, tandis qu’est mise en évidence la demande émergente des clientèles pour plus d’interaction et d’échanges avec les lieux visités, soit plus de créativité. Richards et Raymond définissent le tourisme créatif en tant que la possibilité “d’acquérir, au cours de l’expérience touristique, un savoir-faire faisant partie de la culture locale et/ou de la communauté visitée. Les touristes créatifs développent leur potentiel, et viennent plus près des locaux à travers la participation informelle à des ateliers interactifs et des expériences d’apprentissage qu’ils tirent de leurs destinations touristiques”.
Tout en questionnant de manière critique la pertinence de cette notion, Maria Gravari-Barbas, géographe, professeur à l’université de Paris-Sorbonne, explore les rapports entre ville, tourisme et créativité.
Feu sur Florida !
Que faut-il penser du succès de Richard Florida et de l’adoption de ses thèses par de nombreuses municipalités aux États-Unis (Baltimore, Memphis…) et au Canada (Montréal, Toronto…) ? Ses livres à peine publiés déclenchent également de solides analyses critiques en réaction à l’engouement exagéré qu’elles provoquaient chez d’autres lecteurs, que l’auteur n’a pu vraiment réfuter.
Rapide panorama, par Thierry Paquot.
Signalons, dans le numéro précédent (n° 372, mai-juin2010) notre article intitulé « Lire une image : Le Louvre à Abou Dabi » (http://www.urbanisme.fr/issue/magazine.php?code=372§ion=INTER).
Laisser un commentaire