Lauréat du prix Pritzker et autres récompenses internationales prestigieuses, Tadao Ando est également le maître d’œuvre de musées réputés.
Trois de ses musées situés près de Takamatsu, au Japon, invitent à s’interroger sur la relation entre architecture et projet muséal.
Le premier est situé à Yashima, dans le cadre d’un musée de plein air (le Shikoku Mura Open Air Museum) consacré à la vie traditionnelle dans le sud du Japon, et à la fabrication de canne à sucre en particulier.
En dehors d’une galerie d’exposition temporaire d’une taille réduite, la particularité du musée est sa parfaite insertion dans le site qui l’abrite, au pied de la montagne.
On admirerait par ailleurs sans réserve le jardin en terrasse si le bruit des chutes d’eau ne venait rompre le charme d’un lieu voué à la méditation.
Une belle œuvre d’architecture en somme, où l’on retrouve le célèbre répertoire du maître japonais, mais dont le propos muséographique reste limité.
Il en va autrement avec Benesse House, sur l’île de Naoshima, dont la réputation (avec le Chichu Art Museum et l’Art Project) ne cesse de grandir à mesure que son programme muséal et artistique continue de se développer.
Le musée Benesse présente une intéressante collection d’art contemporain, en complément d’un jardin de sculptures et d’un complexe comprenant chambres d’hôtel, boutique, spa et restaurant.
Quant à l’architecture, son écriture se veut plus complexe, voire sinueuse, pour s’adapter à la configuration de la collection du musée.
Enfin, le musée Chichu présente la particularité de ne présenter les œuvres que de… trois artistes !
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Une installation de James Turrell, captivante mais présentée avec un cérémonial pesant.
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Quatre toiles de la série des Nymphéas de Claude Monet, présentées sous une protection en verre et avec une luminosité qui ne leur rendent pas justice.
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Enfin, une œuvre de Walter de Maria que l’on se permettra de juger grandiloquente.
Ce sont certes là trois artistes qui résonnent avec la civilisation japonaise, mais qui sont exposés dans une architecture à ce point pesante qu’elle en devient oppressante : couloirs sombres, portes monumentales, chemins étroits, on ne sait si l’on se trouve dans une forteresse ou dans un lieu qui devrait être propice à la délectation.
Du reste, des personnels d’accueil et de gardiennage en uniforme entièrement blanc achèvent de donner une curieuse impression à ce qui devrait être avant tout une fête des sens et de l’esprit.
Tout cela ne fait pas oublier les magnifiques réalisations de Tadao Ando, mais invite surtout à inciter les maîtres d’œuvres à faire assaut de modestie devant les œuvres qu’ils ont pour mission de magnifier.
Dans un style futuriste, s’intégrant pourtant parfaitement dans son environnement, on mentionnera par exemple le musée Miho, situé dans la région de Kyoto, réalisé par le célèbre architecte sino-américain Ieoh Ming Pei.
Comment voyez-vous les relations entre architecture et musée ?
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