Financement de la culture : qui « rattrape » qui ?

Dans un entretien paru dans Newstank (article n° 2815 du 8 janvier 2013), l’inspecteur des finances Jean-Paul Cluzel, président de la RMN-Grand Palais, déclare :

« La réflexion sur la place du ministère de la Culture dans la culture française est très différente aujourd’hui, où les interventions de l’État doivent représenter 20 % des dépenses totales de la culture en France, qu’à l’époque de Jack Lang où elles devaient être de l’ordre de 50 % ou plus.  »

Après cette déclaration aussi mal informée que tant d’autres, nous nous permettons de reproduire – avec son autorisation – l’intervention de l’universitaire Fabrice Thuriot devant l’Assemblée nationale le 29 septembre 2009, qui vient heureusement rétablir la vérité des chiffres !

« Il est désormais admis que les collectivités locales dépensent plus que l’État en matière culturelle, en particulier pour le spectacle vivant (2/3 à 3/4 selon les sources), l’éducation artistique et l’action culturelle.

Or, cette vision véhiculée par le ministère de la Culture lui-même cache une réalité pourtant décrite par les chiffres mêmes du ministère.

En effet, les collectivités ont toujours dépensé plus que l’État en matière culturelle puisqu’elles ont en charge la plupart des équipements.

Ainsi, avant le doublement du budget du ministère en 1982 puis le renforcement des crédits des autres ministères depuis les années 1990, la part de l’État (tous ministères confondus) était de 38,7 % en 1981 contre 61,3 % pour les collectivités alors que le rapport est de près de 50-50 depuis le début des années 1990 (cf. données 1993 du DEP) sans les comptes spéciaux.

C’est donc bien l’État qui a rejoint les collectivités et non l’inverse.

AN

Le désengagement de l’État constaté et critiqué par tous est donc relatif et en trompe-l’oeil.

S’il est devenu réel pour quasiment tous les opérateurs, publics et privés depuis 2006, il est d’une part plus ou moins important et a, d’autre part, dès le début des années 2000, touché les acteurs culturels non labellisés tels que les petits festivals ou les centres culturels et socio-culturels des petites villes ou en milieu rural ; là où l’éducation artistique et l’action culturelle sont peut-être les plus mêlées à la diffusion et à la création du fait de leur proximité, même si celles-ci peuvent être aussi ou bien souvent amateurs. »

Source : http://crdt.univ-reims.fr/CRDT3/files/Intervention%20AN%20290909%20revue%202.pdf

Fabrice Thuriot, docteur en droit public, habilité à diriger des recherches, ingénieur d’études au Centre de recherche sur la décentralisation territoriale (CRDT EA 3312 GIS GRALE CNRS), Faculté de Droit et de Science Politique, Université de Reims Champagne-Ardenne sur les crédits du programme 224 « Transmission des savoirs et démocratisation de la culture » de la mission « Culture » du projet de loi de finances pour 2010 le mardi 29 septembre 2009 de 15h à 15h45 au 8e bureau devant M. Marcel Rogemont, rapporteur pour avis de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale (http://www.assemblee-nationale.fr/13/budget/plf2010/a1968-tii.asp).


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