Il convient de féliciter chaleureusement le Mac/Val qui fête son cinquième anniversaire.

On peut y voir la volonté d’un Département de se doter d’un équipement performant et de haut niveau en matière artistique.

Ayant constitué une importante collection d’art moderne et contemporain, le Conseil général est ainsi allé au bout de sa démarche pour créer un outil de développement culturel de son territoire.

On soulignera également la remarquable politique d’action culturelle et le souci permanent de l’innovation du Mac/Val.

Le défi est-il toutefois entièrement relevé ? Le pari est-il totalement gagné ?

Première observation, le chemin de la démocratisation culturelle est semé d’embûches et s’inscrit nécessairement dans une démarche qui ne peut jamais totalement aboutir.

C’est pourquoi le musée a réfléchi dès sa création aux instruments de médiation culturelle qui lui paraissaient les plus adaptés à sa situation concrète dans un territoire donné : une ville de « banlieue » insérée dans une métropole internationale de premier plan, où les institutions artistiques foisonnent et occasionnent des flux de visite complexes à appréhender.

Cependant, comme on l’observe habituellement, la fréquentation du Mac/Val, après avoir atteint un niveau très élevé, s’est ensuite logiquement rapproché de ce qui constitue probablement à présent son régime de croisière.

On ne dispose pas par ailleurs (sauf erreur de notre part) de données permettant d’indiquer que l’action du musée aurait permis d’élargir significativement le spectre sociologique des personnes fréquentant habituellement les musées d’art contemporain (en dehors des publics « captifs » bien entendu, tels que les groupes scolaires).

A cet égard, au-delà d’une interrogation générale concernant l’accès du public à des pratiques culturelles pouvant être qualifiées d’exigeantes, on peut avancer quelques observations destinées à nourrir la discussion.

  • L’architecture du musée, qui se situe dans le mouvement que l’on peut qualifier de « moderne », donne une impression de retenue, certes de bon aloi pour un bâtiment public, mais qui conserve une certaine austérité (corrigée en partie par le jardin attenant).
  • S’agissant de la politique tarifaire, qui procure au musée des revenus particulièrement limités (quelques pour-cents de son budget total), on peut s’interroger sur l’intérêt de se priver de l’outil de la gratuité (s’agissant de ce qui constitue une découverte – et donc une « prise de risque » – pour de nombreux visiteurs potentiels) ; ne serait-ce que pour les enseignants : le tarif réduit qui leur est appliqué (bien que – ou parce que – symbolique) ne permet pas en effet à notre sens d’en faire réellement une « force de frappe » au service du projet éducatif du musée.
  • On peut en outre se demander si – au-delà d’une politique de communication dotée de moyens significatifs – l’essentiel du postulat du musée en termes d’élargissement des publics ne consiste pas à mettre en place une politique de  médiation destinée (en dehors de l’action « hors les murs » en direction de publics ciblés) à faire peser l’essentiel de ses efforts sur les visiteurs déjà présents dans le musée (médiateurs dans les salles, outils d’interprétation, livrets pédagogiques, etc.).
  • Quid dans ce cas du large public constitué de visiteurs plus ou moins occasionnels, sans doute désireux de s’intéresser à la création vivante, et pour qui l’essentiel se situe probablement en amont de la visite, dans une réflexion portant sur l’attractivité du musée auprès de publics non déjà acquis à la cause de l’art contemporain ; dans ce cas, il conviendrait de s’interroger davantage sur l’image du musée, sur les services offerts aux publics, sur la qualité de l’expérience de visite (gage d’un « bouche-à-oreille » significatif), sur la forme de la communication, sur les outils de fidélisation, etc.
  • Enfin, pour notre part, nous ne souscrivons pas nécessairement à la coquetterie consistant à donner des titres « anglais » aux expositions, probablement dans l’intention de signifier l’insertion du musée dans le réseau mondial des institutions d’art contemporain (musées, centres d’art, biennales, foires…) *.

Ne boudons pas toutefois notre plaisir ! Des expositions de haut niveau, une collection qui s’enrichit constamment, une irrigation du tissu artistique local, des flux de visite inédits et un équipement hors norme pour les habitants de la région : voilà certainement de grands motifs de satisfaction à l’heure où l’intervention des Conseils généraux dans le domaine culturel est remise en cause.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

* : Nevermore, Sweep me off my feet, Let’s danse, Stardust

A lire : http://www.la-croix.com/Au-Mac-Val-l-audace-seduit-mais-ne-paie-pas-encore/article/2444954/5548 (un article d’Elodie Maurot paru dans le journal La Croix).


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