Nous l’avions annoncé il y a plusieurs années, notamment dans l’ouvrage collectif que nous avons dirigé (article « La stratégie du prix », dans La culture mise à prix, la tarification dans les sites culturels, L’Harmattan, 2005), il existe un véritable risque d’« effet d’éviction » dans le cas d’une hausse excessive des prix d’accès aux sites culturels.
Par la suite, en 2009, nous avons remis au département des Études et de la Prospective du ministère de la Culture une note relative à l’étude des questions tarifaires, y compris celles portant sur la gratuité, qui attirait l’attention du ministère de la Culture sur ce risque.
Nous constatons par conséquent avec satisfaction que notre suggestion, émise à plusieurs reprises, de mieux cerner le phénomène d’ »éviction » provoqué par une hausse excessive des prix a été retenue.
Une étude du CREDOC apporte à ce sujet des éléments tangibles à ceux pour qui ce phénomène était soit marginal, soit de peu d’importance.
Il n’en est rien en réalité : le phénomène est important et, surtout, il pose un véritable problème de politique publique : compte tenu de la difficulté – soulignée à maintes reprises par de nombreux observateurs – d’élargir les publics de la culture, comment accepter en effet que des personnes désireuses d’accéder à un élément de la très riche offre culturelle de notre pays soient conduites à y renoncer pour des questions de coût ?
Selon le CREDOC, « un quart de la population française indique avoir renoncé à visiter une exposition, un musée ou un monument au cours des douze derniers mois en raison du tarif trop élevé de la visite », dont certains plusieurs fois (« La visite des musées, des expositions et des monuments », juin 2012, p. 39).
Même en faisant la part des choses (phénomène déclaratif, manque d’intérêt pour ce type de visite de certains répondants, etc.), le chiffre ne peut manquer d’interpeller les responsables publics, parfois enclins à considérer le prix d’entrée comme la variable d’ajustement à privilégier en cas de difficultés financières.
Comme nous l’avons établi, la hausse tarifaire constatée dans de nombreux établissements culturels (les grands musées et monuments en particulier, sans oublier les expositions temporaires) provoque un double phénomène auprès de certains visiteurs : soit la renonciation pure et simple à la visite ; soit à tout le moins une réduction de leur fréquence de visite.
En définitive, le débat sur les questions tarifaires va-t-il être relancé ?
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