Leadership et institutions culturelles 4 Le cas du Mac/Val

L’expérience du Mac/Val a été suivie avec intérêt depuis son ouverture.

Le musée témoigne en effet d’un engagement résolu du Conseil général du Val-de-Marne dans la diffusion de l’art contemporain.

20131201_120815Force est toutefois de constater que les risques soulignés dans la note que nous avions adressée au Département dès l’ouverture du musée se sont révélés tangibles.

Chargé de réaliser les synthèses des journées du colloque organisé par l’INTA à l’ouverture du musée, nous avions alors relevé l’inadaptation de l’offre de la boutique, fermée à présent, de même que le problème du positionnement du restaurant, qui a depuis connu plusieurs exploitants.

Nous avions également indiqué que le bâtiment, certes de qualité, ne permet guère de susciter la venue d’un public étranger à l’univers muséal, d’autant qu’en dépit de la présence d’un agréable parc urbain, les espaces situés devant le musée ne sont pas mis à profit en termes d’animation.

Lors du colloque, un intervenant étranger s’était légitimement interrogé sur la capacité du musée à attirer un public de non visiteurs réguliers, ce qui constitue semble-t-il l’une de ses ambitions.

Or, malgré certains outils de médiation qui ne manquent pas d’intérêt, on peut noter que l’interprétation des collections reste modeste et les aides à la visite limitées.

20131201_121054Observons que le recours à la tarification n’a guère de sens, sachant que les recettes de billetterie représentent moins de 3% du budget du musée et que – plus problématique sans doute – les enseignants n’entrent pas gratuitement dans le musée : cela  constitue une incompréhension du rôle qu’ils peuvent jouer en tant que prescripteurs de visite, mais aussi de médiateurs de l’offre culturelle de l’établissement.

Les élus du Conseil général ont-ils une vision précise de la question tarifaire dans les structures muséales ?

Car il est clair que le musée est doublement perdant avec une tarification certes peu élevée (les enseignants bénéficiant en outre d’un tarif réduit) : les revenus issus des entrées sont dérisoires au regard du budget de l’établissement ; tandis que l’absence de gratuité générale prive le musée de la possibilité de mener une ambitieuse politique d’élargissement de ses publics.

Quant à l’usage récurrent de l’anglais dans les titres des expositions (une nouvelle fois le titre « Include me out », inspiré d’une réplique de Fritz Lang dans le film de Jean-Luc Godard « Le mépris ») et aux instruments de communication mis en œuvre (cf. les affiches de l’actuelle exposition consacrée à Renaud Auguste-Dormeuil), ils semblent suggérer que les responsables du musée visent davantage un public (inter)national (pourtant très peu présent) que la population locale, censée être au cœur du projet culturel de l’établissement.

20131201_124137En termes de leadership, on peut s’interroger sur le fait que la direction ne dispose pas d’un observatoire des publics et ne procède à aucune enquête auprès de son visitorat, ce qui fait peser un doute sur la possibilité de mettre en œuvre les moyens qui permettraient de diversifier le profil des visiteurs, conformément aux souhaits des élus du département.

Sur la base des données – certes parcellaires – transmises par l’équipe du musée, il apparaît en effet que le profil sociologique des visiteurs est celui des musée d’art contemporain en général (un public très éduqué et/ou appartenant aux CSP +) et que le nombre d’ouvriers est insignifiant (rappelons qu’ils représentent 18% de la population active française.

Cela serait moins problématique :

  1. Si le phénomène était suivi et évalué.
  2. S’il s’agissait d’une priorité de l’équipe de direction.
  3. Si des moyens visant à remédier à la situation étaient mis en œuvre.

À défaut, on peut s’interroger sur la nécessité qu’il y aurait à clarifier la mission du musée et à développer une politique adaptée aux objectifs assignés à l’institution.

Est-ce également votre avis ?

Voir ici notre précédent billet consacré au Mac/Val.


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