Le rôle du consultant (ingénierie culturelle) 10

Évaluer les politiques culturelles : est-ce possible ? (deuxième partie)

Avec Jean-Luc Pouts (Culture & Territoires), nous travaillons depuis plusieurs années à développer des méthodes et à approfondir des thèmes se révélant essentiels dans la pratique de l’évaluation des politiques culturelles.

Ces thèmes concernent, par exemple, les relations entre économie et culture, entre vitalité sociale et activité culturelle, entre prévention de la délinquance et pratiques culturelles, entre reconversion des bassins d’emploi et dynamisme culturel, sachant que chacun de ces thèmes revêt différentes dimensions devant être distinguées.

Sur le plan de la méthode, voici succinctement quelques-unes de nos approches :

  • Pour la définition des enjeux : nous décomposons ces enjeux en deux groupes ; les enjeux généraux de la culture et les enjeux spécifiques à des territoires donnés. Pour définir les enjeux spécifiques, nos recherches portent sur la structure sociale du territoire, son système économique et son évolution, le contexte urbanistique et environnemental, les perspectives touristiques, les besoins en termes de notoriété et d’image. Cela permet de comprendre les problématiques de développement du territoire et de leur associer trois éléments : enjeux pour les habitants, enjeux pour les acteurs culturels et enjeux généraux de la culture.
  • Pour les procédures d’évaluation : elles intègrent deux éléments déterminants.
  1. Adaptation de la grille d’évaluation : elle propose des adaptations indispensables sur le plan de l’interprétation des moyens alloués, des logiques d’action de la collectivité, des résultats pour les acteurs et des impacts pour les habitants. Cette grille permet ainsi d’appréhender des effets mesurables sans pour autant prétendre rendre compte totalement de l’« insaisissable ».
  2. Recherches de terrain : elles concernent tant les enquêtes (quantitatives et qualitatives) auprès des usagers (publics actuels et potentiels) que la consultation des acteurs concernés.
  • Pour la progression des outils : nous avons développé une solution logicielle qui a pour objectif de pallier les manques actuels en matière de capitalisation et d’organisation des données culturelles et de territoire. Cela représente une évolution significative des pratiques de l’évaluation en l’inscrivant au cœur des tâches courantes, et donc dans le temps.

Il est toutefois difficile de mettre intégralement en œuvre cette approche fine de l’évaluation des politiques culturelles lorsque les collectivités :

  1. n’ont qu’une connaissance limitée des enjeux de leur territoire au regard de la culture,
  2. n’ont pas encore conduit de réflexion approfondie sur les différentes modalités de leur intervention,
  3. et enfin n’ont pas fixé au préalable des critères d’évaluation pertinents.

C’est pourquoi il est indispensable de réaliser en amont les démarches permettant à ces politiques d’être évaluées sur des bases objectives et rationnelles.


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