Quelle politique en matière de patrimoine ?

Dans le dernier numéro de la revue des Vieilles Maisons Françaises (n° 243, mai 2012), la journaliste Sophie Flouquet interroge deux observateurs du monde patrimonial.

Professeur au collège de France et historien de l’art, Roland Recht affirme :

  • Nous avons amorcé un changement profond depuis une trentaine d’année déjà, et le processus général s’étirera encore longtemps. C’est ce processus-là qui a de quoi nous inquiéter. La politique libérale de l’État est bel et bien amorcée dans ce domaine et les cas de désengagements douloureux vont se multiplier.
  • La « longue durée » réclame une réflexion approfondie des experts et elle est, par nature, à l’opposé des éphémérides que produit le monde politique. Il y a là une incompatibilité de durées qu’on ne peut lever qu’en créant l’équivalent d’un Conseil d’État pour le patrimoine.
  • Il n’y a plus de recours possible qui se situerait entre des élus locaux prix dans des logiques électoralistes et de gestion économique, et des techniciens qui ne jouent plus leur rôle de véritable office de veille.
  • Une commission permanente de sages, mêlant experts du patrimoine et politiques, doit dessiner les grandes perspectives et examiner les situations propres aux différentes formes de patrimoines monumentaux. Elle doit aussi avoir la capacité de proposer des affectations nouvelles pour tel ou tel édifice. L’État peut transférer la gestion de certains monuments, mais pas en totalité. Enfin, une gestion intelligente de la politique patrimoniale pourrait constituer un formidable élan nouveau donné à des métiers liés au patrimoine.

Pour sa part, la sociologue Nathalie Heinich déclare :

  • Que les différentes administrations intéressées, au niveau national ou local, aient du mal à en assumer les charges, quoi de plus prévisible, surtout en période de crise ? Même s’il faut bien sûr veiller à ce que les transferts de responsabilité ne se fassent pas au détriment de la sauvegarde et de la mise en valeur.
  • Tout ne peut pas devenir patrimoine, mais de plus en plus d’éléments sont susceptibles d’être patrimonialisés.
  • L’extension est effective, mais cela ne signifie pas qu’elle soit potentiellement infinie !

 


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