Musée de l’Histoire de France (2)

Le projet de création d’une « Maison de l’Histoire de France » alimente un vif débat, en particulier chez les historiens, comme l’indiquent notamment les contributions suivantes :

Dans ce billet, nous souhaitons apporter différents éclairages complémentaires aux propos des historiens, portant sur les points suivants :

  • l’intérêt même d’un musée de l’Histoire de France ;
  • la possibilité d’un large débat public ;
  • les contours envisageables d’une mise en réseau ;
  • l’alternative possible à la création d’un équipement ouvert au public ;
  • la prise en compte d’une dimension historique dans les musées nationaux ;
  • et, enfin, la question de la localisation d’un tel lieu, le cas échéant.

Selon nous, on ne peut refuser – a priori – l’idée d’un lieu de synthèse (dans un lieu  restant à déterminer), comme le musée d’histoire américaine à Washington, D.C. ou encore la maison de l’Histoire allemande à Bonn.

(D’ailleurs, il pourrait certes s’agir d’un musée au sens propre s’il s’appuie sur des collections originales, mais aussi d’un « lieu d’interprétation » s’il développe un discours et des animations en s’appuyant sur divers procédés muséo-scénographiques.)

Car les Français aiment l’histoire : ils aimeraient sans doute se rendre dans un tel lieu avec leurs enfants ou leurs petits-enfants ; quant aux visiteurs étrangers, ils en seraient tout autant friands, compte tenu de la complexité de l’histoire française…

En tout état de cause, cela mériterait un large débat, avec la participation des historiens, mais aussi des professionnels des musées et du secteur éducatif.

Plus largement, les nouvelles techniques ne peuvent-elles pas offrir un cadre propice (sans naïveté ni espérances excessives bien sûr) aux contributions d’un grand nombre de nos concitoyens concernant ses missions, ses programmes et/ou sa configuration ?

Une question toutefois : comment justifier la création d’un nouvel équipement (en termes d’investissement, mais surtout de fonctionnement) si l’on explique dans le même temps les restrictions budgétaires dans le secteur culturel (notamment)… par un manque de moyens financiers ?

Par ailleurs, si mise en réseau il doit y avoir (ce qui ne passe pas alors nécessairement par la création d’un « musée »), alors il convient de prévoir la création de liens (utiles du reste) entre des établissements franciliens existants, mais aussi de province, qui sont très nombreux :

  • Musées régionaux : musée d’Aquitaine (Bordeaux), musée de Bretagne (Rennes), musée Lorrain (Nancy), musée Basque (Bayonne), musée de Normandie (Caen), musée Dauphinois (Grenoble)…
  • Musées de villes : Lyon, Mulhouse, Marseille, Nantes, Metz ou encore Paris (Carnavalet)
  • Sans oublier les musées spécialisés : musée de la Révolution française (Vizille), musées de la Résistance (Lyon, Grenoble, Besançon…), etc.
  • Et sans oublier non plus les dizaines de sites gérés par le Centre des monuments nationaux et les dizaines de collectivités appartenant au réseau des Villes et Pays d’art et d’histoire
  • Et sans oublier (enfin…) les musées qui se consacrent déjà à l’histoire de France : Versailles, Invalides, Archives nationales !

Quelle fonction pourrait-on assigner – le cas échéant – à un établissement sans espace de présentation permanent et agissant principalement « hors les murs » (sur le modèle des Centres de culture scientifique et technique / CCSTI, voire de certains Fonds régionaux d’art contemporain / FRAC) ?

  • animation d’un maillage régional et soutien aux structures existantes ;
  • conception et itinérance d’expositions temporaires, en France et à l’étranger ;
  • établissement d’un corpus d’œuvres numérisées ;
  • publications d’ouvrages et de synthèses pédagogiques ;
  • mise en ligne sur Internet de puissantes ressources éducatives, à destination du corps enseignant, en France et à l’étranger.

Reste qu’il conviendrait probablement – au-delà de l’éventuelle création d’un nouvel équipement avec toutes les questions que cela pose par ailleurs – de commencer par doter les musées nationaux existants d’une fonction de (ce qu’on pourrait appeler faute de mieux) « musée d’histoire et de civilisation ».

Cela concerne la chaîne des musées d’art, d’histoire et d’archéologie allant de Saint-Germain-en-Laye (musée des Antiquités nationales) au musée d’Orsay (dont la vocation de musée d’histoire – défendue par l’historienne Madeleine Rebérioux – a été progressivement escamotée), en passant par Cluny, Ecouen ou le Louvre, qui sont chacun en mesure de raconter une partie de l’histoire de la France à travers leurs riches collections.

Le « musée de l’Histoire de France » deviendrait ainsi un parcours, à Paris et dans l’ensemble de la France, sans préjudice – à terme – de l’éventuelle création du « lieu de synthèse » évoqué précédemment.

Pour terminer, peut-on se satisfaire d’une implantation parisienne ?

Ne vaudrait-il pas mieux explorer la piste d’une implantation dans le Val de Loire par exemple, en concevant un grand espace d’interprétation dans un objectif d’aménagement culturel du territoire ?

Et vous, qu’en pensez-vous ?


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